Paroisse Saint-Ursmer à Ormeignies

En 2023, on fêtera un jubilé exceptionnel : le 1200e anniversaire de l’élévation des reliques de saint Ursmer et de la consécration de la collégiale éponyme à Lobbes.

En 823, c’est encore l’assemblée des fidèles qui désigne qui est saint1 : si sa vie fut exemplaire et si des miracles s’accomplirent à l’invocation de son nom, la canonisation est assurée. L’eau de la fontaine qui jaillit à Fontenelle, proche de l’endroit où est né Ursmer en 644, a la vertu de soulager des fièvres. D’autres miracles sont attribués à Ursmer.

Saint Amand l’ordonne prêtre vers 670. Le maire du palais, Pépin de Herstal, désire la conversion au christianisme des peuples païens, espérant par-là les métamorphoser en fidèles sujets des rois francs. Aussi envoie-t-il Ursmer à Rome, muni de lettres patentes adressées au pape Serge Ier2, pour qu’il y reçoive la dignité épiscopale. Saisissant l’opportunité d’évangéliser des peuples païens au nord de la Gaule, le pape, habile prosélyte, lui confère l’autorité apostolique d’évêque pour prêcher, ordonner des prêtres et des diacres, consacrer des lieux de culte et des autels. Il lui cède aussi une relique de saint Pierre.

En 697, Ursmer consacre l’église abbatiale de Lobbes dont il est évêque-abbé. En 711, il désigne pour lui succéder son disciple Ermin. Ursmer, grand prédicateur en Flandres où il est toujours vénéré, s’éteint en 713 à l’abbaye de Lobbes, probablement le 18 avril.

Après ces rappels biographiques, revenons à la prochaine célébration. Je me suis demandé quelles seraient les paroisses Saint-Ursmer qui y participeraient. Une liste se trouve dans l’article du Chanoine Millet dans le Cahier binchois n° 9.

Je me promets de faire connaissance avec plusieurs d’entre elles. Mon choix s’est porté en premier lieu sur la paroisse Saint-Ursmer d’Ormeignies (section de la ville d’Ath).

À la demande du président de la fabrique d’église Jean-Jacques Neve avec qui j’étais entré en contact, Madame Myriam Thiry, secrétaire paroissiale, m’a communiqué une documentation intéressante.

Voici quelques informations que j’en extrais. L’église primitive appartenait à l’évêché de Cambrai. Le 31 décembre 1181, le pape Lucius3 lui en confirma la possession. En 1189, l’évêque Roger4 donna l’autel à l’abbaye de Saint-Martin de Tournai. Au XVIIIe siècle, les deux tiers de la dîme revenaient à l’abbaye de Cambron qui, pour cette raison, était chargée de l’entretien de l’église.

Une statue en bois du saint patron d’Ormeignies attire le regard : saint Ursmer. Elle représente l’abbé de Lobbes assis dans une cathèdre. Il est paré des habits épiscopaux (mitre, crosse, gants bagués, chasuble, dalmatique et aube). Cette statue est datée du début du XVe siècle. Le dimanche proche du 19 avril, la confrérie de Saint-Ursmer organise la traditionnelle procession Saint-Ursmer. La statue est portée dans les rues du village. On prie le saint pour les maladies des yeux et les maladies contagieuses.

La mention la plus ancienne de saint Ursmer – vraisemblablement sa statue – connue aujourd’hui date de 1453.

L’aspect du saint, presque un enfant, n’est pas habituel. On le représente le plus souvent, comme sur le vitrail qui se trouve également dans l’église d’Ormeignies, adulte et barbu. Voir aussi dans le Cahier binchois n° 9.

J’aurai bientôt à vous transmettre des informations recueillies sur une autre paroisse.

 

Serge Gravet

1 Réforme grégorienne. Beaucoup de choses changeront dans l’église à l’occasion de cette réforme, annoncée très tôt au sein de l’abbaye de Cluny, entamée par le pape Léon IX et vigoureusement continuée par plusieurs papes successifs, et notamment par le pape Grégoire VII, durant trois siècles. Saint Gérard de Brogne, né à Stave (Belgique) à la fin du IXe siècle, est aussi connu comme un grand réformateur d’établissements monastiques. La réforme dite grégorienne concerne canonisation, célibat des prêtres, élection du pape, sacrements, simonie, etc. Le pape Grégoire a voulu affirmer la primauté des clercs sur les laïcs, et principalement du pape sur les souverains. On connaît, dans ce contexte, l’excommunication de l’empereur Henri IV (Canossa) et la querelle des investitures.

2 Saint Serge Ier est élu pape en 687. Il exerce la fonction pontificale jusqu’à sa mort, en 701. Il confère aussi la dignité épiscopale à saint Hubert de Liège. Il refuse d’assister à un concile convoqué à Byzance par l’empereur Justinien II de 691 à 692. Il n’approuve qu’une partie des recommandations de ce concile, ce qui entraîne la colère de l’empereur qui tente de le faire enlever pour le faire juger, en vain. Il institue la fête de la dormition de la Vierge Marie qui deviendra par la suite l’Assomption.

3 Lucius III, 171e pape de 685 à 689. Conflit avec l’empereur Frédéric Barberousse à propos des investitures et de la succession de Mathilde de Toscane (épouse de Godefroid le Bossu, oncle de Godefroid de Bouillon). En 1184, il tient le concile de Vérone où sont condamnées diverses hérésies, Cathares, Vaudois, etc. À la fin de son pontificat, il entame les préparatifs de la troisième croisade pour porter secours à Baudouin IV de Jérusalem.

4 Roger IV de Wavrin, archevêque de Cambrai de 1179 à 1191. Mort à Saint-Jean d’Acre au cours de la troisième croisade qui tentera de reprendre Jérusalem à Saladin. Frédéric Barberousse, Philippe Auguste et Richard Coeur de Lion participaient à cette croisade.